Yazid SABEG, commissaire à la Diversité et à l'Egalité des chances, Les Echos, 16 mars 2009, p. 13
Commentaires : Comme le précise Yazid SABEG, dans cet entretien aux Echos, "les écoles d'ingénieurs ont été malthusiennes en termes d'effectifs". Or le recrutement d'ingénieurs par les universités et les entreprises du monde entier est au coeur de la bataille de l'intelligence
Les ingénieurs sont en effet ceux qui créeront les inventions de demain, ces dernières apportant la prospérité économique et donc sociale.
Jusqu'à aujourd'hui, le grand gagnant dans cette bataille mondiale est l'oncle SAM et plus précisément la Californie, principal atout anti-crise des Etats-Unis.
Tant que cet état américain attirera les meilleurs ingénieurs de la planète (y compris la matière crise chinoise ou indienne), conquis par la présence d'universités de pointe et de fonds d'amorçage puissants et nombreux (pour l'heure momentanément en retrait en raison de la crise du crédit), les Etats-Unis resteront le coeur économique du monde.
Pour autant, c'est l'Europe qui dispose du plus fort potentiel de matière crise. Mais notamment en raison de l'absence de vrais fonds d'amorçage et de dépenses de recherche-développement publiques mais surtout privées insuffisantes (particulièrement en France, et ce malgré un crédit impôt recherche généreux), nombreux sont les ingénieurs européens à choisir de s'expatrier outre-atlantique.
En France, comme le souhaite Yazid SABEG, l'augmentation conséquente du nombre d'ingénieurs doit être rapidement effective, et ce "sans compromettre bien sûr la qualité et le niveau qui déterminent le processus de sélection". Faudra-t-il encore leur donner les moyens financiers de développer leurs projets.
Un ami me disait dernièrement qu'un top manager de MICROSOFT ne comprenait pas pourquoi la France ne performait pas davantage dans le secteur de l'internet et des logiciels alors qu'elle disposait des meilleurs informaticiens au monde (un concours mondial d'informaticiens est organisé chaque année par la multinationale américaine où deux français font généralement partie des trois meilleurs mondiaux).
Autre exemple qui montre le potentiel inexploité de l'Europe : l'Allemagne est le pays au monde où il existe le plus grand nombre de brevets inexploités.
Fait notable : les Politiques semblent enfin bouger. Après plusieurs interventions remarquées du Président SARKOZY sur le sujet, c'est Bruno LEMAIRE, actuel secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes, qui vient de déclarer, dans
un entretien vidéo au magazine économique CHALLENGES, que, sur proposition de la France, des "
critères obligatoires en matière d'innovation et de recherche" devront être imposés à chaque pays européen, à l'instar, en matière de finances publiques, des critères de Maastricht, avec notamment l'instauration d'un ratio Innovation/PIB.
Et si l'Etat français s'engage enfin à faire fi des lobbies des assureurs et des banquiers en imposant l'investissement d'une partie de l'abondante collecte d'épargne des Français dans les fonds d'amorçage et de développement (cf. décision n°41 du
rapport ATTALI calquée sur une disposition de la loi américaine), il existe un réel espoir pour que l'ambitieuse stratégie de Lisbonne, du nord au sud et de l'ouest à l'est de l'Europe, se concrétise et que la France, à moyen terme, CREE LES 4 MILLIONS D'EMPLOIS SUPPLEMENTAIRES QUI LUI MANQUENT POUR ASSURER L'INTEGRATOIN DE CHAQUE CITOYEN DANS LA SOCIETE ALORS QU'UNE PARTIE IMPORTANTE DE CELLE-CI SOUFFRE DURABLEMENT DEPUIS PLUS DE 25 ANS.