Le Victor HUGO russe.
Pourquoi cette référence à l'illustre écrivain français du XIXème siècle pour résumer le personnage de SOLJENITSYNE, enterré hier avec les honneurs des oligarques poutiniens et ex-décident russe expulsé de l'Union soviétique vers l'occident en 1974 pour avoir fait publier à l'Ouest L'ARCHIPEL DU GOULAG, probablement l'une des œuvres littéraires majeures de la seconde moitié du XXème siècle décrivant les crimes contre l'humanité du système concentrationnaire stalinien qu'il avait lui-même vécu pendant 8 ans pour avoir simplement mis en cause, dans une lettre adressée à un ami, les qualités guerrières de STALINE ?
Outre le fait que les deux écrivains ont connu l'exil temporairement, le temps de voir le totalitarisme tombé, c'est avant tout parce qu'ils ont réussi, par le pouvoir et la puissance des mots, de l'écriture, de l'édition à dénoncer la dictature, et par là même à la déstabiliser.
Plus de 150 ans après son accession au pouvoir, on peut toujours penser que Napoléon III était plus un despote éclairé à la Poutine (pour rester dans la métaphore russe) qu'un abominable dictateur, ce que je pense d'autant que celui que l'écrivain français appelé "Napoléon le Petit" a apporté un esprit et une vague d'innovation et de progrès techniques qui fit de la France jusqu'au début de la première guerre mondiale le pays des grandes inventions ; il n'en reste pas moins que l'œuvre de Victor HUGO a contribué immanquablement à libéraliser le système politique et social du Second Empire pour aboutir au régime parlementaire de la IIIème république, aidé en cela, il est vrai, par la défait de SEDAN.
Quant à Alexandre SOLJENITSYNE, si son œuvre a d'abord contribué à discréditer les soutiens extérieurs au régime soviétique présents dans les démocraties occidentales, il a également permis de ramener constamment le problème des droits de l'Homme au cœur des relations Occident-Union Soviétique, facilitant probablement la prise de conscience lente mais implacable par la génération post-stalinienne de la nomenklatura de la brutalité et de l'impasse du système soviétique.
Ainsi, sans l'impact considérable de l'oeuvre de SOLJENITSYNE, peut-être n'y aurait-il pas eu un GORBATCHEV ou un ELSINE ?
Mais peut-être aussi n'y aurait-il pas eu un REAGAN (pour qui l'Union Soviétique était l'empire du mal) pour mener une course aux armements aussi effrénée qui finît de rendre le régime soviétique exsangue ?
Citons, également, parmi l'importante œuvre de l'écrivain ex-dissident russe, LA ROUE ROUGE, histoire fouillée de la révolution bolchévique écrite en exil dans sa maison du Vermont (Etats-Unis).
Citons enfin deux autres personnages qui, comme SOLJENITSYNE, ont eu le courage de dénoncer le totalitarisme du système soviétique et qui l'ont payé en perdant leur statut de membres privilégiés de la nomenklatura avec tous les avantages liés :
L'atomicien Andreï SAKHAROV, père de la bombe H soviétique, exilé jusqu'à la Perestroïka de GORBATCHEV dans la cité interdite russe de GORKI, et le violoncelliste Mstislav ROSTROPOVITCH déchu de sa nationalité russe en 1978 par BREJNEV après s'être exilé aux Etats-Unis.
Ces hommes ont droit à notre reconnaissance éternelle car ils ont été de courageux défenseurs des droits de l'homme alors que le confort de leur situation ne les prédestinaient pas à l'être.
P.S. : une pensée particulière pour Helena BAUNER, compagne de SAKHAROV, toujours infatigable défenseur des droits de l'Homme malgré les tracasseries du régime policier poutinien.
lu et approuvé
Tante Catherine
Rédigé par : pommier | 09 août 2008 à 02:40