Alors que la nation toute entière a rendu ce matin un émouvant hommage à nos soldats tués en Afghanistan sous le feu d'extrémistes religieux musulmans, je tombe aujourd'hui par hasard sur la page 21 de L'EXPRESS du 12 juin 2008 et sa rubrique INDISCRETS avec le titre suivant : AFGHANISTAN : PERTES HUMAINES EN VUE.
Il y est décrit des généraux français qui redoutent qu'"à la rentrée" la France ne compte "trois ou quatre morts par semaine en Afghanistan" car "un bataillon de soldats français doit remplacer, cet été, au nord-est de Kaboul, un bataillon américain dont la mission consiste à "chasser le taliban" dans les montagnes, et qui subit plusieurs pertes humaines chaque semaine".
"Nous sommes moins équipés et moins entraînés que les Américains. Inutile d'espérer que l'on s'en tirera mieux qu'eux", auraient ajouté ces généraux dont l'anonymat a été respecté par l'hebdomadaire.
Il semble en fait que ce soit le manque de préparation de l'armée française à la guérilla (qu'elle n'a pas connu depuis la guerre d'Algérie), à l'inverse des forces américaines et anglaises déjà confrontées à un conflit plus meurtrier et moins légitime en Irak, que certains cadres supérieurs de la grande muette ont voulu pointer du doigt.
Mais au-delà du simple rapport de force sur le terrain, la solution afghane passe avant tout par la constitution d'un véritable état sur la base d'une armée digne de ce nom. Et sur ce point, la formation de 30.000 soldats afghans par les armées française et allemande est un succès qui sera amplifié dans les mois à venir.
En outre, comme le souligne au figaro.fr Jean-Marc BALENCIE, co-auteur du livre LES GUERRES BATARDES (Éditions Perrin, 2008), "il serait d'ailleurs plus exact de parler aujourd'hui de l'insurrection d'une partie de la population pachtoune, qui associe talibans, mais aussi seigneurs de la guerre, trafiquants de drogue et cette population qui ne supporte pas la présence occidentale".
Derrière la question pachtoune, se cache en fait le rôle du Pakistan et de ses services secrets qui ne semblent toujours pas avoir admis que l'Afghanistan soit passé sous influence occidentale.
Tant que le Pakistan ne se sera pas résolu à contrôler à des fins de pacification la zone tribale (située à cheval sur les territoire pakistanais et afghan) où BEN LADEN serait caché par la population pachtoune et d'où partiraient les renforts talibans, la paix ne pourra régner durablement en Afghanistan.
D'autant qu'on ne compte plus le nombre d'attentats suicides fomentés par les services secrets pakistanais sur le sol afghan. On avance même l'idée que l'organisation dont ont fait preuve, face aux soldats français, les attaquants talibans serait leur marque.
Au final, il ne pourra y avoir de paix en Afghanistan sans une réelle volonté pakistanaise.
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