J’ai rencontré à deux reprises Denis GAUTIER-SAUVAGNAC.
L’homme est bien connu des habitants du département de la Manche, son fief. Il s’est d’ailleurs présenté aux élections législatives de 1986 dans ce département.
En vain. DGS (c’est ainsi qu’on le surnomme) avait à l’époque sous-estimé le souvenir que sa désastreuse présidence à la tête de Elle & Vire avait laissé.
Il est vrai qu’il semble davantage doué pour distribuer des enveloppes de billets à de mystérieux destinataires que pour créer de nouveaux produits et services.
DGS fait partie de la race des Inspecteurs des finances. Il en est même le stéréotype. Imbu de lui-même, très alambiqué dans son expression, il n’en est pas pour autant désagréable. On sort presque amusé d’avoir rencontré un individu qu’on sait aussi important représentant patronal qu’improbable chef d’entreprise.
DGS reste un énarque. Un haut fonctionnaire passé, sans grand succès à vrai dire, par le privé (la banque et l’agroalimentaire) mais également par le cabinet de François GUILLAUME, alors ministre de l’agriculture.
Son arrivée au secrétariat général de l’UIMM, en 1994, apparaissait plus comme l’attribution d’un fauteuil doré au sein de la plus puissante fédération du CNPF (on parlait déjà ouvertement à l’époque de son importante puissance financière sans en connaître les réels contours) à ce haut fonctionnaire que lui avait permis de décrocher son puissant réseau.
Réseau principalement constitué d’Inspecteurs des finances qui sont ni plus ni moins ceux qui ont contribué à couler la France pendant ces 25 dernières années.
Mais au-delà du personnage DGS, qui à vrai dire est aussi peu intéressant que son mentor, archaïque ancien président du Medef et faux baron d’empire (j’ai nommé Ernest Antoine SEILLERE), deux éléments sont choquants dans l’affaire qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête préliminaire du parquet de Paris et d’une investigation de la cellule TRACFIN du ministère de l’économie et des finances.
Tout d’abord, le vrai libéral que je suis, qui fait sien l’adage des Lumières « A tout pouvoir doit exister un contre- pouvoir », est scandalisé à l’idée que l’image du syndicalisme (victoire autant du libéralisme que de l’idéologie marxiste (les premiers syndicats sont nés autant aux Etats-Unis qu’en Europe)) soit ternie.
En vrai libéral, je crois à des syndicats forts, véritables contre-pouvoirs au sein de l’entreprise face à des patrons qui n’ont que trop souvent rien de libéraux (comme pourtant beaucoup se prétendent) parce que trop souvent dans une logique sectaire d’affrontement (réflexe bien marxiste au demeurant).
Eh oui, les Marxistes ne sont pas toujours ceux que l’on croît ! Mais la France n’est-elle pas foncièrement un vieux pays marxiste où le compromis relève plus de l’exception que de la pratique ?
Et Margaret THATCHER et Ronald REAGAN ne seraient-il pas tout sauf des libéraux en ayant institué des lois anti-syndicales ? Comme d’autres libéraux, je le pense.
Mais plus encore, dans cette affaire, c’est le laisser-faire des banques (l’UIMM aurait près de 40 comptes bancaires). Ainsi, on apprend que, dès 1998, la BNP avait demandé à DGS de préciser la destination des fonds retirés en liquide. « Les œuvres sociales de l’UIMM », avait-il répondu.
Le plus incroyable, c’est que la banque, déjà dirigée à l’époque par Michel PEBEREAU et Baudoin PROT (d’ailleurs tous les deux également Inspecteurs des finances), s’était satisfaite de cette réponse qui n’en était pas une.
Ce n’est qu’en 2004, semble-t-il suite au signalement d’un employé de la BNP, que la cellule TRACFIN du ministère de l’économie et des finances a enquêté sur les importants retraits en liquide de DGS.
Pourquoi cette absence de signalement de la BNP auprès de la cellule TRACFIN pendant 6 ans alors que DGS lui avait fourni une explication bidon ?
Un petit service entre Inspecteurs des finances ? Une grenade gardée en réserve et dégoupillée par PROT et PEBEREAU pour affaiblir l'UIMM en vue de l'élection à la présidence du MEDEF ?
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