Je regardais dernièrement la nouvelle émission débat de l’animateur vedette de France 2, Stéphane BERN, « L’Arène de France ».
Au sommaire, un débat bien français : les inégalités sociales.
Sempiternel débat d’une France égalitariste et envieuse ?
Plus que ça !
Depuis plus de deux décennies, une franche non négligeable de la population issue de la classe moyenne et de la bourgeoisie se retrouve au chômage ou à des postes de salariés précaires confrontés à un marché du travail atone.
La faute aux riches ?
Plutôt à l’absence dans notre pays de riches et de très riches.
Jamais les riches n’ont été aussi taxés et jamais la France n’a connu autant de pauvres !
Face à ce constat, comment autant de Français peuvent-ils continuer à taper sur les riches, à demander de les taxer davantage (notamment avec l’existence de ce double impôt foncier qu’est devenu l’ISF) ?
Probablement à cause d’un vieux réflexe issu de la révolution française et des luttes sociales du XIXème siècle.
Mais surtout à cause d’une incompréhension des mécanismes économiques.
Si la France, à la fin des années 70, était devenue la quatrième puissance économique mondiale, c’est parce qu’un certain Louis Napoléon Bonaparte, il y a 150 ans déjà, avait, à marche forcée, industrialisé le pays, développer le chemin de fer, encourager le développement de la grande distribution (avec la naissance des premiers grands magasins), créer un véritable système et réseau bancaire …
C’est aussi parce qu’après la défaite de Sedan, la IIIème république avait permis, jusqu’au début de la guerre 14-18, à une génération de pionniers (les PEUGEOT, CURIE, THOMSON, LUMIERE, BREGUET et bien d’autres) de faire de la France le centre mondial de l’époque en matière de Recherche-Développement.
C’est aussi parce qu’après deux guerres mondiales, la politique industrielle du Général de GAULLE, menée avec un volontariste sans faille, avait fait permis la mise sur un marché, déjà mondialisé, de nombreux produits innovants, aidée en cela par une nouvelle génération de capitaines d’industrie au formidable dynamisme.
Tout ce que ces hommes et femmes ont fait est simple à décrire mais difficile à faire. Cela s’appelle la CREATION DE RICHESSE.
Et si aujourd’hui la France n’est pas en mesure, même à moyen terme, de retrouver le plein emploi (à la différence de nombreux pays européens), c’est parce que DEPUIS 25 ANS, ELLE N’A PAS CREE SUFFISAMMENT DE NOUVEAUX PRODUITS ET SERVICES INNOVANTS ET DE QUALITE.
Car dans le cadre d’une mondialisation où la technologie se répand à vitesse grand V au quatre coins de la planète, il faut en permanence innover (en trouvant de nouveaux produits et services) et améliorer la qualité de ceux-ci.
C’est une lutte au quotidien qui se joue. Et cette lutte est mondiale.
Si les pays scandinaves peuvent se permettre d’avoir une politique sociale si généreuse, c’est avant tout parce qu’ils sont les champions du monde de l’innovation et de la qualité.
Ils ont compris qu'AVANT DE REDISTRIBUER LA RICHESSE, IL FAUT LA CREER.
Et si la France connaît toujours un chômage de masse et donc une paupérisation d’une franche importante de sa population, c’est bien parce qu’elle a les pires difficultés à retrouver le cercle vertueux de la création de richesse.
On le voit, l’enjeu est de taille car QUAND LE PLEIN EMPLOI REVIENDRA, BEAUCOUP DE PROBLEMES DISPARAITRONT : les salaires augmenteront, l’intégration par l’emploi deviendra enfin possible et les frustrations et donc la violence diminueront.
Alors quelles sont les obstacles à la création de richesse ? Qui ou quoi empêche la France de retrouver la prospérité d’antan ?
Certainement, comme je l’ai écrit précédemment au début de cet article, l’absence de culture économique des Français.
Ces derniers pensent en effet que la richesse tombe du ciel. Il suffirait simplement de la ramasser. C’est comme ci « l’immaculée richesse » existait. Comme ci il y aurait de l’argent et qu’il faudrait « prendre là où il y en a ».
Mais pour que les Français aient une véritable culture économique, il faudrait que les enseignants (majoritairement ringards car ayant baigné dans l’idéologie marxiste et soixante-huitarde) et que les journalistes (en grande partie de la même trempe et incapable d’être indépendants de leurs propres pensées) fassent œuvre de pédagogie.
Mais compter sur eux en l’espèce serait purement surréaliste. J’en suis persuadé.
Il existe un autre coupable tout désigné, très en vogue aujourd’hui, même chez les grands patrons du CAC : les marchés financiers.
Le coupable est un peu facile ! D’abord parce qu’il n'influe que sur une minorité d’entreprises cotées et qu’à part les Hedge Funds, les marchés financiers soutiennent généralement les stratégies offensives basées bien souvent sur l’augmentation des budgets marketing et Recherche-Développement.
Contrairement aux idées reçues, la Bourse aime le risque à condition qu’il soit calculé à partir d'une stratégie cohérente, prometteuse et donc créatrice de valeur.
Si les marchés financiers ne sont pas les vrais coupables du déclin économique français, le problème central n’en demeure pas moins financier.
Oui, la France manque d’argent investi dans le secteur marchand !
Oui, la France manque de riches, de très riches investissant dans son économie !
Oui, la France souffre d’avoir tant d’épargne réfugiée dans l’assurance-vie (le placement de névrosé par excellence) et insuffisamment dirigée vers l’investissement productif !
Oui, la France souffre de ne pas avoir suffisamment d’investisseurs qui prennent des risques !
Oui, la France souffre de ne pas avoir de fonds de capital risque !
Oui, la France souffre d’avoir des PME et TPE au capital de départ insuffisant (il faut du temps, et donc de l’argent, pour constituer un fonds de commerce, une clientèle ...) !
Oui, la France souffre d’avoir eu il y a 10 ans 30 PME à fort potentiel de développement spécialisées dans les hautes technologies et aujourd’hui quasiment toutes disparues parce que dans l’incapacité de trouver des partenaires industrielles et financiers afin d’accompagner leur développement1 !
1 Croissance des PME : pour en finir avec le plafond de verre, Emmanuel LEPRINCE, LES ECHOS, 23 août 2006, p.11.
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