Laurent GERRA, humoriste bien de chez nous, expliquait il y a quelques jours, sur PARIS PREMIERE, que le sport national du Français était de critiquer systématiquement son voisin.
Le Général de Gaulle, fin observateur de la société française, appelait ce sport national "le tracassin".
Un sport national qui pourrait bien être à l’origine (à moins d’en être le révélateur) de l’hyper névrose du Français pigmentée qu’elle est de violence verbale.
On savait déjà depuis longtemps que le Français était râleur, grognon. Une névrose héritée sans doute de l’esprit pseudo révolutionnaire d’un peuple au message prétendument universel.
Dire non, critiquer toujours, c’est en soi une manière d’exister, de s’affirmer par rapport à l’autre.
Plus encore, c’est une manière de dominer.
Car dominer, le Français aime ça !
C’est en fait le vrai sport national aux conséquences parfois tragiques (tous les quinze jours en moyenne, en France, trois femmes sont assassinés par leur mari violent (1)).
Sans parler des insultes et autres comportements moralement dégradants que subissent quotidiennement les Français chez eux ou à leur travail.
Pour dominer (ou par réaction à une domination de) son collègue, son patron, son voisin, on critique son travail, ses moindres faits et gestes ou pire encore (autre sport national), on le jalouse.
Tout y passe. Rien ne trouve grâce aux yeux de l’autre.
C’est comme si l’autre était un ennemi qu’il fallait à tout prix abattre pour ne pas être abattu soi-même.
Car le Français a peur. Il a peur de tout. De l’autre, de l’avenir. Voilà la vraie pathologie du mal français, du Français tout court.
Et cette peur, a son tour, ne fait qu’accentuer le besoin de domination, de violence, de conflit, de rancœur, de jalousie (un bien vilain défaut !) …
La résultante en est simple : des Français souvent malheureux au travail, le taux de suicide le plus élevé au monde avec celui des ex-républiques soviétiques (2). …
« Nous sommes en passe d’abandonner une culture, liée à la religion, qui contraint les sujets au refoulement des désirs et à la névrose, pour nous diriger vers une autre où s’affiche le droit à l’expression libre de tous les désirs et à leur pleine satisfaction. Une mutation aussi radicale entraîne une dévaluation rapide des valeurs que transmettait la tradition morale et politique. », explique le psychiatre Charles Melman (3).
La solution ? Rompre avec ces modèles névrotiques passé et présent.
Il faut en finir avec ces vies rythmées par la violence (principalement verbale), la peur du lendemain, de l’autre, des autres et le besoin de domination qui en résulte avec son corollaire de frustrations.
Le philosophe Alan WATTS a écrit (4) : « consentir à être insécure est l’ultime sécurité. »
Et a notamment ajouté : « consentir à être limité, c’est connaître sa propre infinité. »
En fait, admettre que notre environnement (notamment économique et social) est par définition fait d’incertitudes et d’insécurité, que l’être humain a des limites psychologiques, financières ou toute autre, permet d’avoir un comportement rationnel.
Comportement rationnel tant nécessaire pour CREER, OSER mais aussi RISQUER ... car on ne peut CREER, OSER sans RISQUER !
(1) Femmes sous Emprise, les ressorts de la violence dans le couple, Marie-France HIRIGOYEN, OH EDITIONS, 2005
(2) Suicide, l’envers de notre monde, Christian BAUDELOT et Roger ESTABLET, Editions du SEUIL, 2006.
(3) L’homme sans gravité, jouir à tout prix, entretiens avec Jean-Pierre LEBRUN, Folio Essais, 2005.
(4) Supreme Identity, Alan WATTS, Editions Wildwood Ho, 1973.